L'aventure paternelle, contée par un papa parmi tant d'autres... De bisous en câlins, de bouderies en cacas, je n'ai pu que constater qu'être père, ça n'a rien de facile. Mais avec un peu de bonne volonté, beaucoup d'amour et une citerne de savon (biologique, sans parfum, sans colorant, sans phosphate et sans savon...), on peut y arriver! Et les récompenses sont belles...

samedi 23 octobre 2010

24 août 2009 (conclusion)

J'aimerais vous raconter en moult détails l'accouchement, comment une femme, épaulée par un conjoint fort et inspirant, est passée à travers de longues heures de labeur intense. Comment elle a saigné, poussé, sué, pour finalement, dans un crescendo d'anges, de trompettes et de lumière céleste, donner à contempler au monde une merveille criante, bleuâtre, sale, mais une merveille quand même, la plus belle.
J'aimerais vous décrire l'image post-partum : une femme radieuse, forte de ses douleurs passées, fière et droite malgré le long et dur labeur, portant dans ses bras le fruit de neuf (en fait huit...) mois de gestation où l'amour maternel et les soins personnels ont permis d'assurer à la vie future un bon départ.
J'aimerais vous dire combien beau était le père, radieux et bombant le torse, un paon devant sa nouvelle progéniture. Comment il a de son mieux su appuyer sa dulcinée à travers son périple ardu et sanglant, éponger son front ardent d'un linge blanc immaculé lorsqu'elle sentait la chaleur du travail.
Comment il a fait une danse de touché (comme au football, tsé?) lorsque le médecin lui a envoyé, par la voie des airs, le rejeton fraîchement sorti.

Allons.

Une césarienne, c'est tout sauf ça. Et je n'aime pas le football de toute façon.



Non, nous n'avons pas eu droit à un combat glorieux "Bébé et Maman contre le destin". Ce fut plutôt quelque chose comme "Le docteur Cabrera et son scalpel contre l'épiderme et l'utérus - Extirpons Bébé!".

Ce fut quand même un moment inoubliable. Tenir son enfant pour la première fois dans ses mains, cette petite créature qu'on attendait tant (mais pas si vite), ça ne se décrit pas. Enfin, si, je pourrais plonger tête première dans les clichés d'usage (si ce n'est déjà fait et refait), mais je me garde un peu d'intimité. D'autant que c'est quelque chose somme toute d'assez personnel.

Alors disons simplement qu'Aimée a vite été évacuée direction sa chambre et que j'ai apporté Bébé (une fille!) vers la salle de périnatalité, ou j'ai dû la déposer dans une sorte de réchaud à viande, un incubateur ouvert, où on lui a appliqué des sondes et détecteurs et autres fils. Prématurée d'un gros mois, ma créature ("It's ALIVE!!!") devait être étroitement surveillée. Question qu'elle demeure en vie, vous voyez.

J'ai parlé, dans un billet antérieur, du fait que l'on ne devient pas père d'un coup, mais en "niveaux". Et bien j'ai passé deux heures, au bas mot, debout aux côtés de Bébé à caresser ses petites mains, m'émerveiller de l'ensemble de son œuvre (qui se résumait pourtant alors qu'à bien peu de choses) et en tout et partout être gaga autant que peut l'être un nouveau père trentenaire. En termes clairs, j'étais TRÈS gaga, irrémédiablement gaga, supermagnifoutrement gaga.
Mais toute la gagaterie du monde n'aurait pas pu m'éloigner du fait que ma créature, ma progéniture, était sous observation, sous monitorisation, sous post-naissance contrôlée. Et que je ne pouvais rien y faire. Peu importe mes inquiétudes, peu importe mes craintes, mes certitudes, mes encouragements ou mes rationalisations, une chose demeurait : je n'étais qu'un sac de bonnes intentions et d'espoir. Inutile, mais voulant en ta...

Et quand Impuissance, derrière moi depuis le début, me susurre à l'oreille "Je te l'avais dit!", j'ai gagné en niveau de paternité.
Plusieurs fois.

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La paternité, c'est ingrat.

On passe neuf mois, en théorie, à se chercher une place dans tout ce qui se passe, à ne pas vraiment comprendre les changements qui s'opèrent chez notre douce dame (qui tend à devenir moins douce au fil du temps, d'ailleurs), à essayer de ne pas se faire écrabouiller par le Petit Train Tchou-Tchou de la Vie, qui file à toute vitesse sur nos talons. Et on se rend compte qu'on est souvent très loin d'être la réincarnation d'Alexis le Trotteur.
On est perplexe, mou, impuissant.
Puis, si on survit à la grossesse, on se retrouve devant pas une, mais deux créatures qu'on ne comprend pas tout à fait, pas tout le temps. Une qu'on sait qu'on peut comprendre, mais qu'on a peine à saisir depuis que ses hormones ont fait du bungee puis ont joué à l'hormone-canon, et l'autre (ou LES autres, en fait, pour les chanceux qui ont des lapins dans leur arbre généalogique) qu'on espère comprendre suffisamment pour subvenir à ses besoins.

La belle galère...

La plus belle, en fait.

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