L'aventure paternelle, contée par un papa parmi tant d'autres... De bisous en câlins, de bouderies en cacas, je n'ai pu que constater qu'être père, ça n'a rien de facile. Mais avec un peu de bonne volonté, beaucoup d'amour et une citerne de savon (biologique, sans parfum, sans colorant, sans phosphate et sans savon...), on peut y arriver! Et les récompenses sont belles...

mercredi 22 décembre 2010

Petit Papa-Noël...

Une petite histoire de Noël, vous êtes partants?

Bien. Je commence...

Hiver 1989 (admettons - parce que je ne me souviens plus très bien de l'année, à vrai dire).

Comme à chaque année, la veille de Noël, ma mère chante la messe de minuit. Elle a toujours été, d'aussi loin que je puisse me rappeler, dans la chorale du village.
(Ça court dans la famille, si vous voulez : au moment de notre récit, c'est son père - mon grand-père, donc - qui dirige ladite chorale. Lorsqu'il quittera le poste de directeur, dans quelques années, c'est une des sopranos qui prendra sa place, qu'elle occupera pendant cinq ans, puis ma mère elle-même prendra la relève. Elle est toujours directrice de la chorale à l'heure où je tape ces lignes...)
Donc, devoir familial oblige, mon père, mon jeune frère et moi assistons "religieusement" à la célébration de Noël en bonne et due forme, puis une fois celle-ci terminée, nous partons dans les peaux de lièvre (de très très gros flocons qui tombent doucement, vous voyez?) vers le village voisin, où mon grand-père paternel (moins musical, celui-là) reçoit ses douze enfants et leur progéniture.
J'ai toujours aimé ces Fêtes de Noël : les adultes au rez-de-chaussée, jouant, buvant, fumant, tandis que les enfants, libres de toutes contraintes, mènent le chaos à brides rabattues dans le sous-sol... La grosse joie enfantine et pure, quoi. Des dizaines de cousins et cousines, courant à travers les blocs Lego, les poupées flambant neuves, les voitures téléguidées, etc... Et, classique, tout ce beau petit monde finissait invariablement dans la pile de manteaux aménagée, on eut cru, à cette fin dans la chambre des maîtres...

Puis papa ou maman nous réveillait. On rentrait à la maison, yeux rougis, corps mous, vêtements empuantis de cigarette, de bouffe et de sous-sol humide. Heureux.
Heureux parce qu'on avait joué à n'en plus pouvoir reprendre notre souffle, mais aussi parce qu'on savait qu'en rentrant, on ferait notre petit Noël à nous, avec des biscuits, nos cadeaux de nos parents, les lumières toutes éteintes sauf celles, multicolores, accrochées au sapin et aux cadres des fenêtres... On déballait, fébriles, puis on allait faire un gros dodo sans même se faire prier ne serait-ce qu'un tout petit peu.

Mais ce Noël-là, celui du récit, ça ne se passe pas de la même façon.

Nous étions partis à la messe sans mon père, resté derrière pour réparer la fournaise à l'huile qui nous avait lâché le soir-même. Commençait à faire rudement froid là-dedans. Le Québec, en hiver, ça ne pardonne pas...

Lorsque nous sommes rentrés de chez mes grands-parents, nous avons trouvé mon père habillé en ours, toujours fignolant dans la récalcitrante fournaise. Le four de la cuisine, allumé et laissé la porte ouverte pour plus de chaleur. Le sapin, clignotant sa joie des Fêtes, même dans la froidure.

"Bon, viarge", fait mon père, "j'm'excuse, mais y va falloir qu'on se réchauffe autrement. J'ai mis des couvartes su'l'divan... Samuel, fait chauffer l'eau..."

J'obéis. Une fois le chocolat chaud et le café dans les tasses, nous nous sommes installés dans le salon, emmitouflés dans des couvertures, pour déballer nos cadeaux. Emmitouflés, mais surtout presque empilés les uns sur les autres, parce que nous avions franchement froid - à la limite de voir nos souffles embuer l'air. Pas de farces.

Ma mère a mis une cassette, un de nos classiques familiaux de Noël - Fernand Gignac ou Bing Crosby, probablement les deux à la suite. On a bu nos chocolats chauds et nos cafés. On a déballé les cadeaux. On a mangé des beignes dans le sucre en poudre, j'imagine, peut-être de la bûche. Des canes en bonbon. Puis mon père et moi nous sommes couchés par terre, collés l'un à l'autre dans deux sacs de couchage zippés ensemble. Ma mère et mon frère, collés sur le sofa. Fallait de la chaleur pour dormir.

On a dormi. Comme des ours en hiver.

Je ne me souviens pas le moins du monde du cadeau que j'ai eu cette année-là (mon jeu de Risk, je crois, mais j'aurais été un peu jeune pour ça). Mais si je ne me rappelle pas ce que le papier d'emballage dissimulait sous ses bonhommes de neiges, ses sapins, ses Pères-Noël, je me rappelle CE Noël aussi clairement que je me rappelle ce matin (peut-être même plus clairement encore).
Pas parce que je fantasme sur le Grand Nord et le gros frette sec, nenon. Pas non plus parce que j'ai un amour étrange pour les sacs de couchage zippés ensemble. Parce qu'on a fait du chaud avec du froid, avec autre chose que du chauffage. Avec une famille. On s'est collés, on a fait un vrai Noël, on s'est changés en Noël : tous des ânes et des bœufs de la crèche, sans le bébé et les anges tous nus.

C'était un petit moment de bonheur entre père, mère, frères.

Et c'est ça que j'espère pouvoir inculquer à Moumou. J'ai conscience de la magie que représente Noël dans les yeux d'un enfant, même si je l'avais oubliée, la magie, l'espace d'une bonne dizaine d'années (et des poussières). Mais le fait de moi-même avoir un clone à impressionner, maintenant, ça te me remet les feux d'artifices, les lumières, les fées et les monstres en place. Le monde que j'avais laissé derrière, mes bibittes, mes histoires, mes farfadets, ça revient.

Je me reconvertis au père-noëlisme pour le bien de ma petite.

Et j'aime ça.

C'est vrai, quand même : on finit par comprendre, certains plus tôt que d'autres, que ce n'est pas le vieux barbu cheminéophile qui apporte les cadeaux. On comprend que ça vient de chez [Grand Magasin]. Et on ne s'en porte pas plus mal, parce que c'est correct de savoir, rendu à cet âge-là.
Mais Moumou est encore toute jeune. Je veux qu'elle anticipe la barbe blanche, l'an prochain ou l'autre d'après. Et je veux qu'elle continue de le faire pendant aussi longtemps qu'elle le voudra, parce que c'est bien. Et je vais l'y encourager avec plaisir, sauf que pour ça, faut que je me permette d'y croire moi aussi, ne serait-ce que l'espace de la période des Fêtes.

Mais avant tout, je veux que Moumou puisse, comme moi cette année-là sans fournaise, voir outre les cadeaux et les gâteries, passé les cannes en bonbon et qu'elle apprécie Noël non seulement pour la musique et les jouets, mais aussi pour ce qui est au cœur même de Noël : la famille.

dimanche 5 décembre 2010

Danger, Moumou Robinson, danger!

Notre relation avec le danger évolue toujours.

L'innocence de la jeunesse a ceci de bien qu'elle permet de prendre des risques qui ne sont plus même imaginables une fois que la raison a envahi l'immédiat. La langue anglaise a cette expression : Ignorance is bliss (plus ou moins : "moins on en sait, mieux on se porte", et je vous passe la référence biblique, parce que je suis gentil aujourd'hui, tiens).

Flashback : vers l'âge de huit ou neuf ans, mes compagnons et moi avions l'habitude de monter dans ce grand pin, au bout de la rue près de chez moi. Arbre énorme. À trois, nous arrivions à peine à faire le tour de son tronc avec nos bras. Mais nous montions dans ce géant, sans égards à son bien-être. Jusqu'à la cime, presque. Et de là, basculant de tous côté par la seule force du vent, nous avions une vue imprenable sur le village, ses toits, son clocher, ses rues.
Tomber n'était même pas une option - l'arbre n'avait-il pas des branches, des centaines de bras pour interrompre une chute éventuelle? Nous étions en sécurité.
(Le pin, comme bien d'autres, a depuis cédé sa place au développement résidentiel, mais je le garde bien au chaud dans mon shack à souvenirs.)

Je n'ose aujourd'hui imaginer ce que ce serait de grimper à nouveau dans un arbre aussi grand. Danger, à chaque branche, à chaque mouvement : et si ça cassait et si y avait un nid de guêpe et si je glissais...

Et si, et si, et si. Danger, danger, danger.

« Je vais bientôt avoir besoin
d'un deuxième diachylon, papa. »
Mais voilà : il n'y a pas que les activités « casse-cou » qui recèlent leur part de danger. Vous êtes-vous déjà arrêtés pour réellement observer vos alentours, pour constater le danger imminent qui, à chaque seconde, vous menace? Pour un poupon, personne à mobilité réduite s'il en est une, tout est un danger : les coins de tables, des pics acérés; les pattes de chaises, autant d'obstacles insurmontables; les jouets qui traînent, une multitude d'occasions de se péter la baboune.

Prenez un geste simple comme marcher. Facile, non? Oh, oui, pour nous ça l'est, parce que ça fait des années que nous alignons pas après pas pour aller et venir où bon nous semble. Mais pour nos clones, c'est tout autre chose.
Ils doivent faire fi de la douleur, des ecchymoses, des pertes d'équilibre, et se lancer, comme ça, dans l'inconnu. « C'est un simple transfert de poids », me direz-vous, « s'agit de le faire! » Ben justement. Pour la petite créature qui s'élance en avant pour la première fois, c'est tout ce qu'il y a de plus effrayant. « Je dois faire confiance à la gravité : elle va ramener mon corps vers le bas en sûreté. Mais cette même gravité, c'est aussi elle qui veut que mon corps continue à descendre, jusqu'à ce que mes douce, tendre et fragiles lèvres, heurtant le plancher à toute vitesse, soient perforées par mes dents de lait. Y a rien là, marcher. Ou bedon je vais m'enfarger dans le chien, qui ne regarde jamais où il va, et je vais subséquemment aller me pétantabarnoucher la fiole sur la table du salon (ils les font bien trop solides). Et une deuxième tête fera son apparition. »

Vraiment, il y a de quoi devenir parano.

Sauf que ça a aussi du bon, parfois. Le fait est que Moumou, dans une autre vie, était fort probablement un aspirateur. Ou un de ces petits robots qui se promènent toute la journée tandis que vous êtes au travail et qui vous ramassent la poussière en un tournemain. Moumou, lorsqu'elle se promène à quatre pattes, le fait en gardant les yeux sur le sol devant elle et, si elle mange parfois très mal à l'heure des repas, refusant complètement et parfaitement d'avaler quoique ce soit, elle nous offre en revanche des performances de championne en rampant partout. La moindre miette malchanceuse se retrouvant sur son chemin, GLOUP!, est aussitôt avalée. Une miette de pain, une miette de chien, une miette de feuille morte, une miette de bouffe de chat, une miette de morceau de pierre. Tout y passe. Et la gueuse a même le culot de nous montrer sa prise avant de se l'enfourner et de mastiquer pensivement le pauvre objet sans défense. Et elle la montre pendant de longues secondes, en nous regardant, l'air de dire : "Tu la vois? Tu la vois plus!"

Donc j'ai hâte qu'elle ait eu assez de bleus pour TOUJOURS se déplacer à deux pattes. Si j'ai à choisir entre un p'tit Band-Aid de temps en temps ou des voyages à l’hôpital pour intoxication, je prends le Band-Aid. N'importe quand.

-----------------------

Je pèche souvent d'exagération, mais c'est au moins un peu vrai : le fait de marcher comporte plusieurs phénomènes physiques complexes et inter-reliés qui, s'ils ne sont pas exécutés à la perfection, résultent en des bras, jambes, ou orgueils cassés. La gravité, le transfert de poids, l'Acte de Foi de se laisser aller au bon soin des forces de la nature pour se déplacer, ce n'est pas rien. Et on ne parle même pas encore de courir.
Je regarde aller la petite, à la découverte de tout en même temps : les goûts, les sons, les images, les couleurs, les mouvements... La découverte du monde, oui, mais surtout la découverte d'elle-même, par sa relation avec le monde et ses habitants, dont nous sommes, ses joies, ses peines, ses dangers. Beaucoup plus ses dangers qu'autre chose, il me semble, même si ce n'est probablement que le papa en moi qui parle, là. Ce papa qui voit les petites lèvres fendues, les bleus dans le front, les infections aux yeux, les grippes, et qui se demande, lui le grand dadais inapte de tellement de façons que ça devrait être vu comme de la polyvalence, qui se demande comment il a pu survivre à ses premières années. Mes parents ont dû capitonner la place mur à mur. Ou me capitonner, moi.

N'empêche : quand j'ai vu ma petite, pour la première fois, se lever sans appui et faire ses premiers pas, ça m'a fait tout chose dans mon cœur de papa... Elle marche! C'est merveilleux! C’est fantastique! C'est... c'est...

C'est dangereux...

(Entre parenthèses, je prends sans vergogne des images que je trouve sur Internet. C'est mal, je pense. Mais j'espère aussi que quelqu'un, un jour, utilisera le SUPERBE spermatozoïde que j'ai moi-même dessiné dans mon dernier billet. Ça serait pour moi un honneur. Allez, par ces lignes, je vous y autorise. Faites-moi honneur, allez. En attendant d'avoir une tablette à dessin numérique, j'emprunterai les images des autres, parce que Paint avec une souris, c'est la mort de la créativité en ce qui me concerne. Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa.)

jeudi 25 novembre 2010

Tantôt, temps tôt, tente haut... euh...

Avoir le temps de faire quelque chose, avoir du temps, de manière générale, est un luxe. Quiconque vous dit le contraire est un abruti, un retraité ou simplement quelqu'un qui prend le temps de gérer son temps (ce qui n'est pas, vous l'aurez deviné, le cas de yours truly).

Comme je n'ai pas vraiment tout à fait le temps de gérer le mien, ironiquement, je le perds et j'en manque. Et si je n'ai jamais été un très grand planificateur, les mots horaire et horreur ayant toujours été pour moi de très proches cousins, la chose n'est devenue que trop vraie, trop tactile, une fois devenu papa.

(Prenez, entre parenthèses, le présent blog. Exemple probant. Combien de temps entre mon dernier billet et celui-ci? HA! Yé souis incorrrigible! Mais entre bébé, le travail, les amis et l'organisation d'un mariage, je ne le trouve pas, le temps...)

Peu importe l'importance de la tâche que l'on désire accomplir, tout pâlit dans la hiérarchie de l'essentiel devant la toute-puissance des besoins de bébé. Il n'est écrit nulle part que les bébés sont de cruels dictateurs, mais n'allez pas penser qu'il n'en est rien - nos clones sont à leur propre insu des créatures infâmes et foncièrement égoïstes. Moumou y compris. Le(s) vôtre(s) n'y échappe pas.
Sans égards à ce que papa ou maman est en train de faire, si MÔSSIEUR ou MADAME bébé(e) décide qu'il est temps de se péter la baboune, d'avoir mal au ventre, d'avoir faim ou quelque autre caprice (avoir faim n'est pas un caprice, mais vous saisissez la nuance), alors ainsi soit-il, pour les siècles des siècles. Papa/maman obtempère.

Je l'ai déjà dit dans un autre billet, je suis devenu papa bien avant que Moumou n'arrive, ainsi ma perception du temps a-t-elle changé il y a déjà un bon bout de temps.

Pendant bien au-delà d'un an, le temps est passé, ce gros escargot flasque et sans coeur, le plus lentement du monde. Plus d'un an à attendre et espérer qu'un jour Aimée tombe enceinte. Allez, un petit effort, les gars, filez vers l'ovule! Allez! Un pain dans le fourneau, allez! Un polichinelle dans le tiroir, allez! Un pois sous le matelas, allez! Une graine dans l'engrenage! Un fromage au repas!
Mais toutes mes invectives, pendant plus d'une loooooooooooooongue année (longue DE MÊME!) n'ont servi à rien. Mes splurges se voulaient lâches, lents, lourdauds.

Spermus Samuelus Impotentis

(Notez que je n'ai rien contre les roux, les uni-sourcils, les palettes, les casques de Boutchou et Casse-Cou ou les gens qui écument. Je suis un Sam aimant et égalitaire.)

Et je n'en veux nullement à tous ceux qui, anxieux d'avoir de nous de bonnes nouvelles, me demandaient "Pis, tu l'as tu mis enceinte, là?" (ou toute autre variation plus ou moins politiquement correcte) et demandaient à Aimée "Pis, t'as tu des bonnes nouvelles, là?"
À tous, ceci : je vous aime encore. Mais vous n'avez pas aidé le temps à passer plus vite. Oh, rassurez-vous, vous ne pouviez rien faire qui eut pu accélérer Chronos le lambineux. Naaaaathing. Mais bon, ça se torture, quand ça veut être parents...

Le temps passe aussi plutôt lentement quand on veille son clône dans un incubateur, quand le clône est plein de sondes, de fils, de trucs et autres qui surveillent ses signes vitaux. D'ailleurs, l'idée qu'il faille surveiller ses signes vitaux, à elle seule, ralentit le temps et accélère le pouls.

Le temps file comme un éclair quand le fruit (béni ou non) de nos entrailles rit de bon coeur, dort finalement, ou se laisse simplement bercer, petite bouillotte merveilleuse...

Il (le temps, ce salaud) rampe en se riant de nous lorsque bébé est malade.

Il file en Lamborgini, ce con, lorsqu'on se rend compte, soudainement, que bébé perce ("Déjà???") une neuvième dent.

Il s'arrête, presque, lorsque, dans la guerre parents/bébé pour/contre le dodo, bébé nous sert, dans un élan de rage, sa troisième salve de vomi de la soirée (les odeurs, les textures, les couleurs qu'on découvre, grâce aux fluides corporels des enfants, j'vous raconte pas - pas maintenant). Et maman qui a cuisiné tout ça avec amour? Ingrate créature!

----------------

Alors que je tape ces lignes, Moumou fait un gros dodo, le sommeil du juste, à tout au plus quelques pieds de moi, dans sa chambre.
Elle tâte de la marche, ces jours-ci (c'est un peu plus long que pour d'autres, mais ça viendra!). Neuvième dent. Mange avec une cuiller et une fourchette par elle-même, boit au verre parfois plus proprement que son père. Elle n'a cesse de s'émerveiller devant le sapin que nous avons installé en fin de semaine. Elle pleure moins, mais pour de meilleures raisons. Elle rit plus, communique à sa façon, fait "tape-tape-tape-pique-pique-pique-roule-roule-roule-cache-cache-cache" (ceux qui savent, comprennent). Elle est fascinée par l'aspirateur, mange des touffes de poil de chien qui roulent parfois par terre, mord nos doigts parce que ses dents lui font mal, se couche sur le chat, ADORE les cornichons à l'aneth, mais pas le maïs (WTF???), aime beaucoup le hockey, un peu moins Passe-Partout (MA fille!)...

Et plus je la regarde, plus je sens le temps passer en coup de vent. Zoooouuuuuuu...

Quelqu'un peut me rendre mes minutes, s'il-vous-plaît?

samedi 23 octobre 2010

24 août 2009 (conclusion)

J'aimerais vous raconter en moult détails l'accouchement, comment une femme, épaulée par un conjoint fort et inspirant, est passée à travers de longues heures de labeur intense. Comment elle a saigné, poussé, sué, pour finalement, dans un crescendo d'anges, de trompettes et de lumière céleste, donner à contempler au monde une merveille criante, bleuâtre, sale, mais une merveille quand même, la plus belle.
J'aimerais vous décrire l'image post-partum : une femme radieuse, forte de ses douleurs passées, fière et droite malgré le long et dur labeur, portant dans ses bras le fruit de neuf (en fait huit...) mois de gestation où l'amour maternel et les soins personnels ont permis d'assurer à la vie future un bon départ.
J'aimerais vous dire combien beau était le père, radieux et bombant le torse, un paon devant sa nouvelle progéniture. Comment il a de son mieux su appuyer sa dulcinée à travers son périple ardu et sanglant, éponger son front ardent d'un linge blanc immaculé lorsqu'elle sentait la chaleur du travail.
Comment il a fait une danse de touché (comme au football, tsé?) lorsque le médecin lui a envoyé, par la voie des airs, le rejeton fraîchement sorti.

Allons.

Une césarienne, c'est tout sauf ça. Et je n'aime pas le football de toute façon.



Non, nous n'avons pas eu droit à un combat glorieux "Bébé et Maman contre le destin". Ce fut plutôt quelque chose comme "Le docteur Cabrera et son scalpel contre l'épiderme et l'utérus - Extirpons Bébé!".

Ce fut quand même un moment inoubliable. Tenir son enfant pour la première fois dans ses mains, cette petite créature qu'on attendait tant (mais pas si vite), ça ne se décrit pas. Enfin, si, je pourrais plonger tête première dans les clichés d'usage (si ce n'est déjà fait et refait), mais je me garde un peu d'intimité. D'autant que c'est quelque chose somme toute d'assez personnel.

Alors disons simplement qu'Aimée a vite été évacuée direction sa chambre et que j'ai apporté Bébé (une fille!) vers la salle de périnatalité, ou j'ai dû la déposer dans une sorte de réchaud à viande, un incubateur ouvert, où on lui a appliqué des sondes et détecteurs et autres fils. Prématurée d'un gros mois, ma créature ("It's ALIVE!!!") devait être étroitement surveillée. Question qu'elle demeure en vie, vous voyez.

J'ai parlé, dans un billet antérieur, du fait que l'on ne devient pas père d'un coup, mais en "niveaux". Et bien j'ai passé deux heures, au bas mot, debout aux côtés de Bébé à caresser ses petites mains, m'émerveiller de l'ensemble de son œuvre (qui se résumait pourtant alors qu'à bien peu de choses) et en tout et partout être gaga autant que peut l'être un nouveau père trentenaire. En termes clairs, j'étais TRÈS gaga, irrémédiablement gaga, supermagnifoutrement gaga.
Mais toute la gagaterie du monde n'aurait pas pu m'éloigner du fait que ma créature, ma progéniture, était sous observation, sous monitorisation, sous post-naissance contrôlée. Et que je ne pouvais rien y faire. Peu importe mes inquiétudes, peu importe mes craintes, mes certitudes, mes encouragements ou mes rationalisations, une chose demeurait : je n'étais qu'un sac de bonnes intentions et d'espoir. Inutile, mais voulant en ta...

Et quand Impuissance, derrière moi depuis le début, me susurre à l'oreille "Je te l'avais dit!", j'ai gagné en niveau de paternité.
Plusieurs fois.

--------------------

La paternité, c'est ingrat.

On passe neuf mois, en théorie, à se chercher une place dans tout ce qui se passe, à ne pas vraiment comprendre les changements qui s'opèrent chez notre douce dame (qui tend à devenir moins douce au fil du temps, d'ailleurs), à essayer de ne pas se faire écrabouiller par le Petit Train Tchou-Tchou de la Vie, qui file à toute vitesse sur nos talons. Et on se rend compte qu'on est souvent très loin d'être la réincarnation d'Alexis le Trotteur.
On est perplexe, mou, impuissant.
Puis, si on survit à la grossesse, on se retrouve devant pas une, mais deux créatures qu'on ne comprend pas tout à fait, pas tout le temps. Une qu'on sait qu'on peut comprendre, mais qu'on a peine à saisir depuis que ses hormones ont fait du bungee puis ont joué à l'hormone-canon, et l'autre (ou LES autres, en fait, pour les chanceux qui ont des lapins dans leur arbre généalogique) qu'on espère comprendre suffisamment pour subvenir à ses besoins.

La belle galère...

La plus belle, en fait.

mardi 19 octobre 2010

24 août 2009 (re-suite)...


(J'aurais aimé écrire conclusion, mais ça va encore attendre, à ce qu'il parait. C'est long, une journée de papaïsation. Mais je vais tâcher de conclure ce chapitre cette semaine, ne vous inquiétez pas. Parce que je ne peux pas non plus étirer cette histoire de façon à en faire tout un blogue, quand même...
Euh...)

Donc bandelette passe au bleu.

Et infirmière, loin d'être convaincue que nous en comprenons toutes les implications, dit : "Ah ben vous partirez pas d'ici tout de suite, madame!"

Aussitôt m'envahit un mélange de gros bonheur crasse et de surprise à la sauce panique. Avec un bon vin, ça aurait mieux passé, mais faute de breuvage pour accompagner, j'avale le tout à sec. Pas le temps de digérer l'info, on réagit : ce qui se voulait une valise d'attente doit subito-presto se transformer en valise pré et post-accouchement, et comme je ne suis pas Sammy Potter, il me faut, au lieu de simplement faire apparaître le nécessaire, retourner à la maison et laisser à contre-cœur Aimée aux bons soins du personnel de l'hôpital (et de belle-maman, que nous avions joyeusement réveillée vers les cinq heures du matin, merci belle-maman!).

Je dois dire que j'ai grand peine à me souvenir des choses que j'ai pu penser entre l'hôpital et chez moi. Mis à part le fait que je tiendrais bientôt une créature vivante dans mes bras, bien sur.

Arrivé à la maison, je rassemble vite fait les effets personnels essentiels, puis j'appelle les principales intéressées : ma mère et ma patronne. Ma génitrice, tout excitée, me dit qu'elle saute dans le premier autobus trans-province qui traîne et sera sans doute dans la région vers la fin de la soirée (7 heures de route séparent nos deux régions, ajoutez-en trois ou quatre quand on fait le trajet en autobus - damnés transferts éternels!). Elle ne se contient plus de bonheur.

Je retourne à l'hôpital, valise pleine à craquer, oreillers, vêtements de rechange, tout le bataclan. Seul hic dans toute cette préparation : nous n'avons toujours pas de siège d'auto. Cela aurait pu être une mini catastrophe, n'eut été de la prévoyance monstrueuse dont sait faire preuve Aimée. Alors que j'étais parti faire nos bagages, elle s'est chargée de "commander" un siège de bébé, l'ancien siège de notre filleule, en fait, lequel devrait nous arriver en cours de journée par un intermédiaire belle-mèrien.

On m'informe d'autreS choseS qui se sont passées pendant mon absence :
- des infirmières ont tâtonné le ventre d'Aimée;
- des médecins ont tâtonné le ventre d'Aimée;
- on a changé Aimée de chambre;
- on a décrété que bébé arrivait les foufounes en premier;
- on a aussi décrété que ce serait par césarienne.

J'accuse le coup pendant que Pression se marre de ma gueule. Disons que ce n'est pas exactement la journée que j'avais imaginée pour l'accouchement. Pas un mois à l'avance. Pas par césarienne. Pas autant de monde qui tâtonnent le ventre d'Aimée.

Papa. Je serai papa, peu importe le reste.

Autre détail : le docteur qui s'occupera de la césarienne s'appelle Docteur Cabrera. En réalité, ça n'a rien de magique, d'époustouflant ou quoique ce soit. Rien qui sorte de l'ordinaire. Sauf qu'avec la journée de surprises qui nous tombe dessus, quand j'entends l'infirmière nous annoncer que le docteur Cabrera sera d'office, j'entends clairement dans ma tête, flashback d'une série animée connue : "Bonjour docteur Nick!" Je sais que c'est Nick Riviera, mais la consonance des noms est suffisante pour évoquer en moi l'image d'un docteur amical aux pratiques douteuses...

Et oui, je sais que c'est con. Mais que voulez-vous; un bientôt-papa, c'est beaucoup de choses, y compris con.

Dans les coulisses, Pression passe un coup de téléphone rapide et invite Angoisse et Impuissance à la fête...





------------------

Ça n'a pas été une journée facile.

J'aime croire que la naissance hâtive de Moumou a été une surprise plus belle encore qu'elle ne l'aurait été si l'accouchement avait eu lieu à la date prévue. Tenir son enfant dans ses bras alors que l'on n'aurait dû le faire qu'un mois plus tard, c'est quelque chose. Si on m'avait dit ce matin-là que je m'en allais à l'hôpital pour y passer plus qu'un long moment (ce à quoi on s'attend toujours) et que j'en ressortirais avec plus que ce avec quoi j'y étais entré (ce qu'on ne veut jamais voir arriver, sauf dans les cas de naissances), j'aurais fait les choses autrement, oui, mais je n'aurais pas pour autant été à 100 % prêt pour faire face à ce qui devait, ce jour-là, s'y passer.

Mais encore là, je demeure convaincu qu'on n'est jamais prêt pour le premier enfant. On vous dira sûrement le contraire, mais on ne s'attend jamais à ce que ce soit aussi demandant, aussi beau, aussi épuisant, aussi magnifique... Je suis d'avis que ceux qui vous diront qu'ils étaient absolument prêts à affronter le fait d'être parents se mentent à eux-mêmes (pas un bien grand mensonge, plutôt des souvenirs manipulés au fil du temps).

Ainsi, tout au long de la grossesse, afin d'être entièrement honnête envers les gens qui me demandaient si j'étais prêt à être papa, je répondais systématiquement :

"Absolument pas, mais je suis prêt à ne pas être prêt."

Et ÇA, c'était vrai.

jeudi 14 octobre 2010

24 août 2009 (suite)...

En route.

C'est difficile, tant pour moi que pour Demoiselle M.A., de croire qu'au retour nous serons trois. Principalement parce que nous sommes exactement un mois avant la date prévue, puis de toute façon, nous n'avons pas encore, sur la banquette arrière, de siège pour bébé. C'est d'une évidence incroyable : quel fœtus digne de ce nom irait naître tout en sachant que la voiture qui le ramènera à la maison n'a pas de siège pour accueillir ses glorieuses foufounes flambant neuves?

Le nôtre, apparemment.

Non content de nous avoir, lors d'une lointaine soirée des Fêtes, pris par surprise, le vilain fœtus aux intentions obscures s'apprêtait à surgir dans nos vies alors que nous n'avions même pas de chambre digne de ce nom, ni de siège d'auto. Si ma mémoire est bonne, nous n'avions pas encore, non plus, de couches pour bébé, ni de d'aucune sorte de lait que ce soit (mine de rien, on ne peut prévoir le succès de l’allaitement...). Bref, mal équipés et la maison inhospitalière, notre meilleur atout à cette heure de la grossesse est notre bonne volonté.

Arrivés à l'hopital, je suis calme : j'ai eu le temps de peser les forces à l’œuvre et j'ai conclu, d'une confiance à toute épreuve, que bébé ne fera pas le grand plongeon aussi tôt. Naaaaaaaah. Aucune chance. Un mois COMPLET d'avance? Pffff. S'il tient le moindrement de son père, il sera plutôt un mois en retard. Hi hi.

On nous accueille, puis on nous fait attendre quelques minutes. Une infirmière vient nous chercher et nous amène à un lit entouré d'un simple rideau, dans une grande salle remplie d'autres lits entourés de rideaux. Le Ritz. Aimée explique la situation à l'infirmière, qui s'active immédiatement afin de faire un test de PH. Le test en lui-même est d'une simplicité inouïe : une bandelette de couleur beige-jaune, imbibée du liquide souilleur de protège-dessous, doit changer de couleur, et si elle passe au bleu, c'est signe que les eaux sont réellement en train de se faire la malle. ÇA c'est un moment de suspense. À vrai dire, le calme qui m'habitait quelques instants auparavant a pris une retraite anticipée et s'en est allé dans des contrées moins tendues. Des terres très stériles, en fait.
Infirmière utilise bandelette. Bandelette passe doucement au vert menthe. Goutte de sueur coule sur ma tempe gauche. Groupe fixe intensément bandelette. Bandelette croule sous la pression. Aimée croule sous la pression. Je croule sous la pression.

Mais bandelette demeure vert menthe.

Pression croule sous elle-même et s'en va rejoindre Calme à Stérile Land.

Tout rentre dans l'ordre. Les astres se réalignent, mon zen (vert menthe lui aussi) respire mieux, sueur remonte là d'où elle est venue.

Je retourne à l'accueil m'entretenir de la pluie et du beau temps avec l'infirmière en poste. Tandis que Demoiselle Mon Aimée Toujours Avec Eaux retire la jaquette de l'hôpital en faveur de vêtements plus confortables et, somme toute, moins hideux, Infirmière de l'Accueil me remet un jerrycan orangé vide. Je résiste à peine à l'envie de lui dire que primo, le réservoir de la voiture est plein, et deuzio, qu'un jerrycan vide est, drette là, d'une parfaite et complète inutilité.
Sentant sans doute mon incrédulité, elle m'instruit : il nous faudra "collecter" l'urine de Demoiselle Mon Aimée Maintenant Habillée Et Prête À Rentrer À La Maison et la ramener la semaine suivante si D.M.A.M.H.E.P.A.R.A.L.M. (et ça se prononce!) n'a pas encore accouché.
Parlant d'elle : elle vient vers nous, un évident inconfort dans la démarche.
"Ce protège-dessous-là aussi je l'ai inondé", qu'elle dit.
-Oui, bon, on ne peut pas passer la journée à -
-Ah, m'interrompt Infirmière de l'Accueil, on va faire un deuxième test, dans ce cas.

Je m'imagine, au bout du monde, Calme qui envoie la main à sa bonne amie, Pression, qui serre contre son cœur un billet aller-simple vers Sam.

-Donne-le moi, fait Infirmière de l'Accueil.
Aimée s'exécute.
Infirmière reteste le PH.
Pression me fait un "high-five".
Bandelette tourne au vert forêt immédiatement.
Puis au bleu (la traîtresse!).

Pression pose une main peu rassurante sur mon épaule. "Je m'installe. Le sous-sol, chez vous, c'est confortable?"

--------------------

Le mythe veut que la femme devienne mère progressivement, au fur et à mesure que la grossesse progresse, mais que l'homme devient père d'un seul coup, lorsque l'enfant est finalement né.
Non seulement c'est faux, mais c'est aussi réducteur : l'homme est-il censé croire que le ventre grossissant et les mouvements sont le fruit de gaz? Allons... (Je sais, j'exagère...)

Évidemment, je ne peux parler que pour moi, mais la paternité s'est présentée à moi en échelons. Comme si un événement après l'autre pouvait injecter plus de papa en moi. Un peu comme des niveaux, dans un jeu vidéo (1337!!11!), l'expérience paternelle s'acquiert au fil des combats, des épreuves, et ce, bien avant que l'enfant ne naisse. J'avais déjà un peu de papa en moi quand j'ai commencé de travailler sur la chambre de bébé. En fait, le travail que nous avons effectué sur la chambre consistait plutôt en l'établissement d'une sorte de studio d'art pour Aimée. Nous nous étions alors résolus à ne pas avoir d'enfants, pour des raisons pourtant convaincantes... Peindre les murs du studio, et non d'une chambre à coucher pour poupon, ça a fait saigner un peu mon cœur de père : l'absence de paternité me faisait père avant le temps...

Tu finis par y croire...

Lorsque la bandelette est finalement devenue bleue, j'étais donc déjà père, et depuis longtemps. Depuis bien avant que la grossesse ne commence. Ça n'était pas une paternité officielle et conventionnelle, et je n'en étais pas conscient à l'époque... mais j'étais tout ce qu'il a de plus papa.

mardi 12 octobre 2010

24 août 2009...

Ma conjointe et moi dormons paisiblement sur notre lit, temporairement installé dans le bordel qu'est notre salon. C'est qu'à un peu plus d'un mois de la date prévue pour l'accouchement (devant avoir lieu, techniquement, et je dis bien TECHNIQUEMENT, le 24 septembre), nous avons cru bon, dans un élan de faisage-de-nid-douillet-pour-la-tite-famille, de rénover notre chambre à coucher.
Ben quoi? Bébé fraîchement arrivé aurait une chambre toute neuve et pas nous?


Donc, disons 4h, lundi le 24 août 2009. 4h du matin, évidemment.


"Réveille-toi..."
-Mmmmph...
-Réveille-toi!
-Mmmmmphaaarghhqueouaaa?
J'ouvre deux yeux croûtés.
-Je suis allée à la salle de bain pour [activité personnelle], et en me relevant, j'ai complètement inondé mon protège-dessous flambant neuf...
-Ok...
Je me retourne, me rendors...
-Heille!
-Mmmmaaarg! Quoi?
(On note ici un changement de ton chez Demoiselle Mon Aimée...)
-T'as-tu compris ce que j't'ai dit?
-Ben oui... T'as fait [activité personnelle], pis en te relevant t'as mouillé ton protège-dessous, faque (et c'est LÀ que je finis par faire la lumière sur toute l'affaire...) t'es peut-être en train de perdre tes eaux. T'es en train de perdre tes eaux.
Je ne sais pas si ça me rassure de le dire deux fois, mais ni une, ni deux, je suis prêt à partir. Aimée me calme : "Attends, Sam, c'est des écoulements, c'est juste plus abondant. J'pense pas avoir perdu mes eaux encore..."
Je suis évidemment fébrile, mais c'est normal : nous sommes le 24 août 2009, un mois jour pour jour avant la date "prévue" pour l'accouchement. Bon, "prévue" c'est fort. Disons, mettons, "calculéeselonlesloisnormalesetlesmeilleuresconnaissancesdenosbonsdocteurs,comptetenudestendancesdanslesgrossesses". Voilà qui est mieux.
Demoiselle Mon Aimée avait commencé à avoir de légers écoulements au troisième trimestre. Les spécialistes s'étaient faits rassurants : rien de grave, simplement de la glaire (un des mots les moins gracieux de notre belle langue; dites-le à voix haute, vous allez voir...), ou le bouchon muqueux qui s'efface lentement. On nous avait avisés de nous présenter à l'hôpital lorsque les pertes se feraient plus abondantes ou si elles changeaient de couleur.
Bref, une bonne grosse glaire gluante et transparente = yes madame.


Lorsqu'elle sort de la douche, je m’enquiers de l'état d'Aimée, qui se veut d'un calme plat. Encore aujourd'hui, je la revois sereine comme jamais, elle qui avait avec raison connu les plus intenses montées émotives (j'en traiterai dans un autre billet...) pendant sa grossesse. Sereine et autoritaire.
"T'as mon livre?"
-Oui chérie.
-Ton livre? Prends-toi un livre.
-Oui chérie.
-Amène des barres tendres. Mais pas juste ça, tu vas t’écœurer. Oublie pas nos dessous de bras.
-Oui chérie.
J'ajoute les antisudorifiques aux bagages.
-Oublie pas les pyjamas.
-Oui chérie.
-Les tiens pis les miens.
-Oui chérie.
-Pis ceux de bébé.
-Oui chérie.


Et ainsi de suite, jusqu'à ce que valise s'emplisse. Et nous partons pour l'hôpital...


------------------------

J'ai été scout. Je devrais toujours être "toujours prêt".

Mais avouez qu'à 4h du mat', il y a de quoi surprendre son homme.

La grossesse, si elle désoriente la femme, ne fait pas de bien à l'homme. Sans vouloir ouvrir un débat complet sur la chose, je dirais que l'homme est l'antithèse du compas, durant la grossesse. On a déjà grand peine à comprendre la femme par moments, c'est pire une fois qu'elle porte un enfant : elle-même ne sait plus autant où elle en est. Enfin, c'était le cas pour ma douce - pas toujours, non, mais elle avait ses passes. Faudrait quand même pas généraliser.

(Parenthèse : j'ai un peu l'impression de marcher sur des œufs, en ce moment, parce que je marche en terrain on ne peut plus glissant en essayant de parler de la femme avec mon regard d'homme. Et pas juste la femme, je parle de la femme enceinte, la FEMME majuscule, celle qui, si l'on en croit le stéréotype, ne doit pas être contredite, contrariée, mise en doute, remise en question, etc, par son homme. Je ne suis pas misogyne, je respecte la femme autant que quiconque, j'admire la femme, même, mais il y a de ces automatismes, de ces clichés qui m'horripilent... Enfin, c'est pour un autre billet, peut-être...
Bref, je marche sur des œufs, mais il me faut l'assumer. Fin de la parenthèse.)

Ben, euh... Fin du billet itou.



Formule et piqué de lit,

Sam