L'aventure paternelle, contée par un papa parmi tant d'autres... De bisous en câlins, de bouderies en cacas, je n'ai pu que constater qu'être père, ça n'a rien de facile. Mais avec un peu de bonne volonté, beaucoup d'amour et une citerne de savon (biologique, sans parfum, sans colorant, sans phosphate et sans savon...), on peut y arriver! Et les récompenses sont belles...

jeudi 25 novembre 2010

Tantôt, temps tôt, tente haut... euh...

Avoir le temps de faire quelque chose, avoir du temps, de manière générale, est un luxe. Quiconque vous dit le contraire est un abruti, un retraité ou simplement quelqu'un qui prend le temps de gérer son temps (ce qui n'est pas, vous l'aurez deviné, le cas de yours truly).

Comme je n'ai pas vraiment tout à fait le temps de gérer le mien, ironiquement, je le perds et j'en manque. Et si je n'ai jamais été un très grand planificateur, les mots horaire et horreur ayant toujours été pour moi de très proches cousins, la chose n'est devenue que trop vraie, trop tactile, une fois devenu papa.

(Prenez, entre parenthèses, le présent blog. Exemple probant. Combien de temps entre mon dernier billet et celui-ci? HA! Yé souis incorrrigible! Mais entre bébé, le travail, les amis et l'organisation d'un mariage, je ne le trouve pas, le temps...)

Peu importe l'importance de la tâche que l'on désire accomplir, tout pâlit dans la hiérarchie de l'essentiel devant la toute-puissance des besoins de bébé. Il n'est écrit nulle part que les bébés sont de cruels dictateurs, mais n'allez pas penser qu'il n'en est rien - nos clones sont à leur propre insu des créatures infâmes et foncièrement égoïstes. Moumou y compris. Le(s) vôtre(s) n'y échappe pas.
Sans égards à ce que papa ou maman est en train de faire, si MÔSSIEUR ou MADAME bébé(e) décide qu'il est temps de se péter la baboune, d'avoir mal au ventre, d'avoir faim ou quelque autre caprice (avoir faim n'est pas un caprice, mais vous saisissez la nuance), alors ainsi soit-il, pour les siècles des siècles. Papa/maman obtempère.

Je l'ai déjà dit dans un autre billet, je suis devenu papa bien avant que Moumou n'arrive, ainsi ma perception du temps a-t-elle changé il y a déjà un bon bout de temps.

Pendant bien au-delà d'un an, le temps est passé, ce gros escargot flasque et sans coeur, le plus lentement du monde. Plus d'un an à attendre et espérer qu'un jour Aimée tombe enceinte. Allez, un petit effort, les gars, filez vers l'ovule! Allez! Un pain dans le fourneau, allez! Un polichinelle dans le tiroir, allez! Un pois sous le matelas, allez! Une graine dans l'engrenage! Un fromage au repas!
Mais toutes mes invectives, pendant plus d'une loooooooooooooongue année (longue DE MÊME!) n'ont servi à rien. Mes splurges se voulaient lâches, lents, lourdauds.

Spermus Samuelus Impotentis

(Notez que je n'ai rien contre les roux, les uni-sourcils, les palettes, les casques de Boutchou et Casse-Cou ou les gens qui écument. Je suis un Sam aimant et égalitaire.)

Et je n'en veux nullement à tous ceux qui, anxieux d'avoir de nous de bonnes nouvelles, me demandaient "Pis, tu l'as tu mis enceinte, là?" (ou toute autre variation plus ou moins politiquement correcte) et demandaient à Aimée "Pis, t'as tu des bonnes nouvelles, là?"
À tous, ceci : je vous aime encore. Mais vous n'avez pas aidé le temps à passer plus vite. Oh, rassurez-vous, vous ne pouviez rien faire qui eut pu accélérer Chronos le lambineux. Naaaaathing. Mais bon, ça se torture, quand ça veut être parents...

Le temps passe aussi plutôt lentement quand on veille son clône dans un incubateur, quand le clône est plein de sondes, de fils, de trucs et autres qui surveillent ses signes vitaux. D'ailleurs, l'idée qu'il faille surveiller ses signes vitaux, à elle seule, ralentit le temps et accélère le pouls.

Le temps file comme un éclair quand le fruit (béni ou non) de nos entrailles rit de bon coeur, dort finalement, ou se laisse simplement bercer, petite bouillotte merveilleuse...

Il (le temps, ce salaud) rampe en se riant de nous lorsque bébé est malade.

Il file en Lamborgini, ce con, lorsqu'on se rend compte, soudainement, que bébé perce ("Déjà???") une neuvième dent.

Il s'arrête, presque, lorsque, dans la guerre parents/bébé pour/contre le dodo, bébé nous sert, dans un élan de rage, sa troisième salve de vomi de la soirée (les odeurs, les textures, les couleurs qu'on découvre, grâce aux fluides corporels des enfants, j'vous raconte pas - pas maintenant). Et maman qui a cuisiné tout ça avec amour? Ingrate créature!

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Alors que je tape ces lignes, Moumou fait un gros dodo, le sommeil du juste, à tout au plus quelques pieds de moi, dans sa chambre.
Elle tâte de la marche, ces jours-ci (c'est un peu plus long que pour d'autres, mais ça viendra!). Neuvième dent. Mange avec une cuiller et une fourchette par elle-même, boit au verre parfois plus proprement que son père. Elle n'a cesse de s'émerveiller devant le sapin que nous avons installé en fin de semaine. Elle pleure moins, mais pour de meilleures raisons. Elle rit plus, communique à sa façon, fait "tape-tape-tape-pique-pique-pique-roule-roule-roule-cache-cache-cache" (ceux qui savent, comprennent). Elle est fascinée par l'aspirateur, mange des touffes de poil de chien qui roulent parfois par terre, mord nos doigts parce que ses dents lui font mal, se couche sur le chat, ADORE les cornichons à l'aneth, mais pas le maïs (WTF???), aime beaucoup le hockey, un peu moins Passe-Partout (MA fille!)...

Et plus je la regarde, plus je sens le temps passer en coup de vent. Zoooouuuuuuu...

Quelqu'un peut me rendre mes minutes, s'il-vous-plaît?